La protection des chauves-souris,
l’enjeu d’un réseau.

L’écologie des Chiroptères
La France métropolitaine héberge 36 espèces de chauves-souris dont l’écologie varie considérablement. Leur cycle de vie comprend différentes phases : l’hibernation, la mise bas et les périodes de transit printanier et automnal. À chaque période sont associés des besoins spécifiques en termes d’habitats : gîtes ou terrains de chasse. Les chauves-souris jouent un rôle essentiel dans le fonctionnement des écosystèmes et contribuent au maintien de l’équilibre des milieux naturels, notamment par une régulation forte des effectifs d’insectes nocturnes. Leur présence et leur dynamique de population nous informent sur certaines caractéristiques écologiques de notre environnement ainsi que sur l’impact et l’évolution de certaines pratiques.
En raison de l’écologie spécifique et diversifiée des différentes espèces de chauves-souris, leur maintien contribue à protéger de nombreux cortèges d’autres espèces : elles jouent ainsi le rôle d’espèces dites parapluie. Parallèlement, elles subissent de nombreuses pressions liées aux activités humaines (mortalité directe, diminution du nombre de gîtes et des milieux de chasse favorables), si bien que les effectifs actuels de chauves-souris sont nettement inférieurs à ceux des années 1950 et 1960.

Des pressions sur les espèces malgré leur rôle majeur pour la diversité biologique
Poursuivre les actions de conservation est un enjeu prioritaire. La France s’est engagée par le biais de la Stratégie nationale pour la biodiversité, à enrayer l’érosion de la biodiversité d’ici à 2020. Elle doit donc encourager la cohabitation entre les chauves-souris et l’homme, indispensable à la préservation et à la restauration de ces espèces.

Les pressions telles que la disparition des gîtes, la fragmentation du paysage par les infrastructures de transport ou les éoliennes, la disparition des haies qui leur servent de corridors de déplacement, la disparition ou la dégradation de leurs terrains de chasse persistent.
Pour remédier à cela, une des priorités est d’intégrer la prise en compte des chauves-souris dans les politiques liées à l’agriculture, l’urbanisme, la gestion forestière ou l’aménagement du territoire, en s’appuyant sur les différentes législations. La conservation de ce groupe d’espèces permettra alors de participer aux exigences fixées par le Projet Ecophyto piloté par le Ministère en charge de l’Agriculture.
Il faut noter qu’elles rendent des services écosystémiques reconnus (Kunz et al., 2011) notamment aux activités agricoles et forestières. La valeur des chauves-souris a été estimée aux États-Unis à 22,9 milliards de dollars par an pour le secteur agricole, grâce à leur rôle important d’insecticide naturel et gratuit (Boyles, 2011).
De plus, les chauves-souris, par leur régime alimentaire insectivore, leur position dans les réseaux trophiques, leur spécialisation extrême et leur adaptation biologique, font de remarquables indicateurs de la diversité biologique (Jones et al., 2009 ; Russo & Jones, 2015).
Enfin, la France, grâce à la loi de transition énergétique pour la croissance verte, souhaite contribuer plus efficacement à la lutte contre le dérèglement climatique et renforcer son indépendance énergétique en équilibrant au mieux ses différentes sources d’approvisionnement. Les parcs éoliens vont se développer, multipliant les risques de mortalité pour certaines espèces, les bâtiments seront mieux isolés, faisant disparaître les gîtes des espèces anthropophiles. Ces deux dispositions, croissance du secteur éolien et isolation des bâtiments, devront alors prendre en compte de façon optimale les chauves-souris.


Des programmes d’actions coordonnés pour la connaissance, la préservation et la promotion des Chiroptères

Dans le cadre de la Stratégie nationale pour la biodiversité et des lois Grenelle, le Ministère en charge de l’Environnement a initié un certain nombre de plans nationaux d’actions en faveur des espèces menacées dont celui concernant les Chiroptères (PNAC). Ce premier plan d’actions, rédigé par la Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM), animé par la Fédération des Conservatoires d’espaces naturels (FCEN) et piloté par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Franche-Comté (DREAL) a été mis en œuvre de 2009 à 2013. Il fait suite à un premier plan de restauration (1999-2004). L’objectif de ce programme a été la protection et la conservation des 36 espèces de chauves-souris sur l’ensemble du territoire français métropolitain.
26 actions ont été identifiées, chacune pilotée par une structure référente : FCEN, SFEPM, Muséum National d’Histoire Naturelle (MNHN), Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement (CEREMA), Ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer (MEEM), DREAL Franche-Comté, Ministère de la Culture, Muséums d’histoire naturelle de Bourges et de Genève, Office National des Forêts (ONF), Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS, devenu OFB depuis 2019) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail de Nancy (ANSES).

Ces actions ont été définies afin de répondre à quatre grands objectifs : la protection d’un réseau de gîtes, des terrains de chasse et des corridors de déplacement, l’amélioration des connaissances des populations, le soutien aux réseaux pour leurs activités de conservation, la formation et la sensibilisation du public.
Les déclinaisons régionales de ce PNA ont permis d’adapter au mieux ces mesures aux contextes locaux. Ce deuxième PNA en faveur des Chiroptères s’est achevé en 2013.
La Commission Européenne s’est également emparée du sujet en publiant un Plan européen pour les chauves-souris (Marchais & Thauront, 2014) qui offre un cadre aux États membres pour la mise en œuvre d’actions, faisant des chauves-souris un groupe d’espèces phare pour l’Europe dont la préservation est un enjeu majeur.
Au regard des menaces qui persistent et des nombreux enjeux pour les chauves-souris, les actions de conservation doivent se poursuivre. Ce groupe d’espèces, réparti sur l’ensemble du territoire métropolitain, doit alors bénéficier d’un troisième plan national d’actions dont les actions sont présentées sur ce site.
L’objectif de ce PNA est de rétablir puis de maintenir les populations des espèces les plus menacées de chauves-souris sur l’ensemble du territoire métropolitain. La mobilisation d’acteurs d’horizons divers (pouvoirs publics, catégories socio-professionnelles, entreprises, particuliers..) est requise, pour mener à bien ces actions et promouvoir une prise en compte de ces espèces à tout niveau.