4. Souterrains et rupestres

Les Chiroptères sont aujourd’hui confrontés à des menaces alarmantes. Parmi elles, des espèces cavernicoles comme le Minioptère de Schreibers et le Murin de Capaccini, ou rupestres comme le Vespère de Savi, subissent la perte de leurs habitats et des perturbations dans leurs gîtes, indispensables à leur reproduction, hibernation ou repos. Ces pressions, souvent liées aux activités humaines, nécessitent des actions concertées pour garantir la pérennité de ces populations fragiles.

© Pierre Goiffon
Minioptère de Schreibers
Minioptère de Schreibers – © Ludovic Jouve

En France, la protection des gîtes constitue une priorité absolue pour assurer la survie des chauves-souris. En 2016, pas moins de 1 757 gîtes avaient bénéficié d’une protection foncière ou juridique. Toutefois, pour renforcer cet effort, il est indispensable de poursuivre la mise en œuvre de stratégies adaptées.

La sauvegarde des chauves-souris repose sur une collaboration étroite entre plusieurs organisations. Les Conservatoires d’Espaces Naturels, par exemple, se consacrent à la gestion et à la protection des sites. Les Comités locaux de spéléologie, de leur côté, travaillent à maintenir un accès raisonné aux cavités, tout en préservant leur patrimoine naturel. Enfin, les groupes Chiroptères régionaux participent activement à l’étude des populations et de leurs habitats.

Prospection dans une grotte
Prospection dans une grotte – © TAPIERO Audrey
Murin de Capaccinii
Murin de Capaccini – © Blandine Carré

Leurs efforts combinés se traduisent par de nombreuses initiatives. Les suivis réguliers des populations permettent de mieux comprendre la biologie et l’écologie des espèces cavernicoles, tandis que la gestion des sites garantit leur accessibilité tout en réduisant les dérangements. Par ailleurs, la recherche scientifique sur les habitats souterrains contribue à affiner les connaissances pour mieux protéger ces milieux. La sensibilisation des usagers, qu’il s’agisse de spéléologues ou de citoyens, est également essentielle pour limiter les impacts des activités humaines. Enfin, ces actions s’accompagnent d’une veille sanitaire pour surveiller l’état de santé des populations et d’une recherche active de financements afin de pérenniser les initiatives en cours.

Fermeture d’une carrière en PACA ©Audrey Tapiero

Souterrains et rupestres – Documents utiles


Recueil d’expériences sur les aménagements en faveur des Chiroptères en milieu souterrain – 2023

Après deux tomes sur les aménagements en milieu bâti et un sur le radiopistage, ce quatrième recueil se concentre sur le milieu souterrain, qui abrite des populations de Chiroptères fragiles, notamment en hibernation. Inspirés des démarches appliquées au bâti, les aménagements présentés visent à favoriser la cohabitation entre chauves-souris et activités humaines (spéléologie, tourisme). Chaque projet est pensé pour intégrer tous les acteurs du site, garantissant ainsi sa pérennité et son efficacité. Ce recueil partage aussi bien des réussites que des échecs, ces derniers étant précieux pour éviter de futures erreurs.

Gestion des milieux difficiles d’accès et pratique de sports de nature – CEN Rhône-Alpes – 2020

Un premier travail de concertation a donné lieu à l’édition de deux cahiers techniques, l’un en 2015 sur « Les milieux karstiques » et l’autre en 2018 sur les « Cours d’eaux encaissés et pratique du canyonisme ». Suite à cela, le Pôle gestion des milieux naturels, animé par les Conservatoires d’espaces naturels, a souhaité élargir la réflexion à l’ensemble des sports de nature pratiqués dans les milieux naturels difficiles d’accès comme les cours d’eau encaissés, les falaises et les grottes. Ces rencontres, organisées à la Maison de l’environnement de Lyon, ont réuni plus de 80 participants impliqués dans la gestion des espaces naturels, la promotion, le développement des activités de sports de nature mais également des professionnels du guidage et des pratiquants.

Charte de bonne conduite du spéléologue en présence de Chiroptères – 2020

La Fédération Française de Spéléologie est partenaire de la bonne mise en œuvre de ce plan d’actions pour le volet « milieux souterrains ». Sur la base de l’expérimentation réussie du CDS 46, la FFS a édicté un code de bonne conduite du spéléologue à respecter en présence de chauves-souris.

Résumé convention cadre entre spéléologues, gestionnaires d’espaces naturels et chiroptérologues – 2019

Dans leurs actions quotidiennes , les Conservatoires d’Espaces Naturels, les Comités locaux de spéléologie et les Groupes Chiroptères régionaux collaborent lors de prospections du patrimoine naturel en cavités souterraines, lors de la gestion des sites et lors de sessions de sensibilisation et de formation. La conservation des Chiroptères cavernicoles repose sur l’étude et la protection des populations et de leurs habitats souterrains, tout en assurant un accès raisonné aux sites de spéléologie. Elle inclut des recherches sur leur biologie, une veille sanitaire, ainsi que des actions de sensibilisation et la recherche de financements pour pérenniser ces initiatives.

Création d’un gîte artificiel pour Chiroptères dans les carrières souterraines des roches de Vouvray-sur-Huisne- Retours d’expériences – 2016

La création d’un gîte artificiel pour Chiroptères dans les carrières souterraines de Vouvray-sur-Huisne, réalisée entre 2013 et 2016 sur une superficie de 480 m², visait à restaurer un habitat favorable à ces espèces patrimoniales, suite à des conditions défavorables causées par des travaux antérieurs. Le projet, cofinancé par l’Union européenne pour un coût total de 100 000€, a impliqué une concertation avec divers acteurs locaux et a été suivi par le CEN Pays de la Loire pour garantir des conditions optimales de température et d’humidité. Des suivis écologiques réguliers, initiés en 2017, permettent d’évaluer l’attractivité du gîte, qui accueille environ 600 individus en période hivernale.

Aménagements de gîtes favorables à la reproduction – LIFE+ Chiro Med – 2014

Le programme LIFE+ Chiro Med vise à restaurer et pérenniser les gîtes pour chauves-souris en Camargue par des aménagements techniques tels que l’installation de moustiquaires et de structures modulables pour améliorer les conditions thermiques et d’hygrométrie. Une évaluation de l’efficacité des aménagements a montré une réduction des températures maximales dans certaines zones, tout en maintenant des conditions favorables pour les colonies de Chiroptères. Ce projet inclut également un suivi à long terme des populations et des recommandations techniques pour garantir la conservation des habitats.

Chiroptères et sites militaires – Ministère de la défense – 2013

Les sites militaires jouent un rôle essentiel en offrant une diversité d’habitats, notamment pour l’hibernation et la reproduction, tout en servant de terrains de chasse grâce à la préservation des milieux environnants. Les actions incluent la restauration des habitats, la sensibilisation des acteurs concernés, et la collaboration avec des chiroptérologues pour améliorer les connaissances sur ces espèces et leur conservation.

Naturalistes et spéléologues : exemple d’un partenariat – SFEPM et FFS – 2011

Le document présente un partenariat entre la Société Française d’Étude et de Protection des Mammifères (S.F.E.P.M.) et la Fédération Française de Spéléologie (F.F.S.) pour la préservation et l’étude des Chiroptères et des milieux souterrains. Les activités incluent des comptages annuels, des stages de formation, et des projets de recherche sur l’hibernation des chauves-souris et l’analyse des guanos fossiles. La F.F.S. a également participé à des programmes de conservation pour plusieurs espèces de Chiroptères, soulignant l’importance de l’éducation et de la collaboration avec divers acteurs, y compris les propriétaires de cavités et les institutions académiques.

Circulaire prise en compte des Chiroptères avant fermeture de mine – 2009

La circulaire du 14 octobre 2009, modifiant celles de 1991 et 2008, clarifie la responsabilité de l’État dans la sécurisation des anciennes mines, notamment celles postérieures à 1810, tout en intégrant des mesures pour la protection de la faune. Elle impose une expertise faunistique avant l’abandon des sites et détaille des modalités de fermeture adaptées : méthodes classiques pour les mines sans faune, dispositifs spécifiques pour les sites accueillant des animaux (notamment des chauves-souris) et accès sécurisé pour les personnes habilitées si nécessaire. Elle prévoit également une convention pour transférer la responsabilité à une personne morale et impose le respect des réglementations nationales et internationales sur la faune, avec des dérogations possibles sous conditions strictes. L’objectif est de concilier sécurité publique et préservation des écosystèmes.

Circulaire Chiroptères et travaux miniers – 2009

La circulaire modifie les dispositions des circulaires de 1991 et 2008 concernant les travaux miniers, en introduisant des exigences d’expertises techniques et faunistiques avant toute utilisation non minière des galeries. Elle stipule que l’exploitant doit garantir la sécurité des sites, en réalisant des expertises sur le cycle biologique annuel des espèces, notamment les Chiroptères, et en respectant les recommandations pour minimiser l’impact sur la faune. De plus, l’accès aux anciennes mines doit être surveillé et entretenu, avec des conditions strictes pour assurer la sécurité des personnes et la protection des habitats d’espèces protégées.

Chiroptères et ouvrages militaires – CPEPESC Lorraine

Par sa position géographique, carrefour des nations, la Lorraine a été fortifiée à plusieurs époques, et les âpres combats de la Première Guerre mondiale ont profondément marqué le territoire. Les anciens ouvrages militaires constituent désormais un bastion pour la biodiversité, dont les chauves-souris sont une composante essentielle. Ce document offre des conseils aux gestionnaires et aux utilisateurs des sites.

Ailleurs sur le web


Ce programme avait pour objectif de participer au rétablissement dans un état de conservation favorable des populations françaises de trois espèces de chauves-souris particulièrement menacées et méconnues : Rhinolophus euryale, Myotis capaccinii et Miniopterus schreibersii (et de toutes les autres espèces cavernicoles). Pour atteindre cet objectif, un réseau de 13 SIC intégrant des gîtes à fort enjeu pour la conservation de ces trois espèces a été identifié, et 31 actions de conservations ont été appliquées.