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Etude de l’effet des infrastructures agroécologiques sur la biodiversité dans les grandes cultures de la plaine camarguaise

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Par Alexia Etlin – Groupe Chiroptères de Provence (GCP)

La Camargue constitue un paysage à part entière du fait de son caractère de plaine agricole et zone humide majeure. L’intensification de l’agriculture à partir de l’après-guerre a entrainé la conversion massive de milieux naturels en terres cultivées mais également l’utilisation intensive de pesticides et l’homogénéisation des paysages.

L’objectif de ce projet, mené par la Tour du Valat et financé par Alpina Savoie, Fondation de France et Biosud, est d’une part, étudier la biodiversité en grande culture et d’autre part proposer des moyens de la restaurer.

De multiples actions ont été réalisées dans le cadre de ce projet : des suivis faunistiques (oiseaux, odonates et chiroptères), formation à la régulation biologique, diagnostics agroécologiques chez les exploitant.es du réseau, pose de 65 nichoirs chez 15 agriculteur.ices dont 20 pour les chiroptères, tournage d’une vidéo pour le site “Osez l’agroécologie”, production d’une synthèse bibliographique sur les bénéfices de l’agriculture biologique pour la biodiversité. (Rapport disponible sur le portail documentaire de la Tour du Valat).

Le GCP a été mobilisé pour un appui sur le volet chiroptères pour la mise en place d’un protocole d’inventaire, d’une formation des chercheurs de la Tour du Valat à la pose d’Audiomoth (enregistreur automatique d’ultrasons) et de l’analyse des données récoltées de 2021 à 2023.

Le projet s’est structuré autour de la thèse de Pierre Mallet, qui a étudié les effets de l’hétérogénéité des paysages et des pratiques agricoles sur la conservation de la biodiversité dans les plaines rizicoles de Camargue. Il montre ainsi que la présence de surfaces et de linéaires semi-naturels dans les paysages agricoles intensifs a un effet positif sur les chiroptères et le reste de la biodiversité.

En effet, La présence d’infrastructures agroécologiques (IAE) en bordures de champ ou dans le paysage agricole favorise la biodiversité mais de façon différenciée selon les taxons : les oiseaux de lisières forestières et chauves-souris sont favorisés par les haies ; les oiseaux paludicoles (de marais) sont favorisés par les roseaux qui poussent dans les canaux d’irrigation et de drainage ; les araignées sont favorisées par les bandes enherbées non-cultivées.

Certaines espèces se voient défavorisées par certains types d’IAE. En effet, la présence de haies favorise des espèces auxiliaires de culture comme les chauves-souris et les oiseaux insectivores, mais n’est pas appréciée par les oiseaux de prairies et paludicoles. Il est donc important de conserver et restaurer des bordures larges et diverses dans leur forme : haies, roseaux, bandes enherbées.

Les parcelles agricoles restent des milieux accueillants pour la biodiversité en Camargue. Néanmoins, on observe une forte hétérogénéité de la biodiversité entre les parcelles et entre les exploitations. Il est constaté que l’agriculture biologique a un effet positif sur la biodiversité.

Ces résultats appuient l’importance d’adapter la restauration d’IAE au contexte local de pratiques agricoles et de biodiversité. En Camargue, zone humide plus vaste de France, il apparaît nécessaire de planifier la replantation de haies de façon qu’elles favorisent certaines espèces auxiliaires sans impacter les espèces de zones humides.

Contact : Alexia Etlin – Groupe Chiroptères de Provence (GCP)