
Intégrer les Chiroptères dans les pratiques agricoles
Pilote : FCEN, Ministère en charge de l’agriculture
Certaines pratiques agricoles peuvent avoir des effets négatifs sur l’état de conservation des populations de chauves-souris, des espèces clé dans la régulation des ravageurs de culture. L’utilisation d’antiparasitaires et de pesticides, ainsi que les modifications paysagères telles que le remembrement, sont autant de facteurs qui peuvent perturber leur habitat naturel et leur capacité à se nourrir. En effet, les chauves-souris dépendent directement de l’espace agricole pour se nourrir et se loger. Les traitements chimiques, en particulier, peuvent réduire la biodiversité en éliminant les insectes dont elles se nourrissent, tout en impactant directement leur santé. De même, l’artificialisation des paysages réduit les zones propices à leur reproduction et à leur abri.

Objectif de l’action de préservation
L’objectif de cette action est de promouvoir une coexistence entre les pratiques agricoles et la conservation des chauves-souris, en accompagnant les exploitants et les gestionnaires dans la prise en compte de ces espèces. Il s’agit de guider les acteurs du secteur vers des pratiques respectueuses des besoins écologiques des chauves-souris, tout en permettant de maintenir une production agricole viable. L’accent est mis sur la préservation des éléments paysagers et des habitats propices à ces animaux.
Mesures concrètes pour favoriser la conservation des chauves-souris
Les actions concrètes à mettre en place pour favoriser la préservation des chauves-souris dans le cadre de l’agriculture incluent :

La préservation des haies et des éléments paysagers
Le maintien ou la restauration de ces habitats naturels permet de soutenir les populations locales de chauves-souris en leur offrant des habitats et des corridors naturels de circulation (trame verte).

La disponibilité de gîtes
Les exploitants peuvent aménager des bâtiments agricoles ou des arbres pour servir d’abris, en tenant compte des besoins spécifiques des différentes espèces de chauves-souris présentes sur le territoire.

La gestion adaptée du risque parasitaire
L’adoption de pratiques de gestion intégrée des ravageurs permet de limiter l’usage de biocides tout en préservant la santé des cultures. Parmi ces pratiques figurent la lutte biologique et des méthodes culturales adaptées.
Alternatives aux produits chimiques
Limiter le recours aux biocides est un enjeu important pour réduire l’impact des produits chimiques sur les populations de chauves-souris. Des alternatives telles que la lutte biologique, qui repose sur l’utilisation de prédateurs naturels, ou la rotation des cultures, permettent de contrôler les ravageurs tout en préservant la biodiversité. D’autres stratégies, comme l’utilisation de variétés résistantes, peuvent aussi aider à réduire la nécessité de recourir aux pesticides.

Et concrètement ?
Le projet de synthèse bibliographique (revue systématique) « Chauves-souris et agriculture » est en cours. Les questions de recherche portent sur les effets connus des pratiques agricoles, à différentes échelles spatiales, sur les chauves-souris insectivores en milieu tempérés. Ces données sont en cours de valorisation à travers la rédaction d’un article scientifique qui présentera en détail les résultats obtenus et analysera les tendances mises en évidence. L’article discutera les biais identifiés dans la littérature ainsi que les lacunes en matière de recherche, tout en mettant en avant les implications pour la conservation des chauves-souris en milieu agricole. L’objectif est de fournir une synthèse utile aussi bien aux chercheurs qu’aux gestionnaires.
Agriculture – Documents utiles
Mesures de conservation et de gestion des haies pour favoriser l’activité des Chiroptères dans les espaces agricoles – Stage OFB – 2024
Ce rapport comporte un état actualisé des connaissances sur les enjeux liés à la préservation des haies agricoles en faveur des Chiroptères aboutissant à la problématique de l’étude. Les méthodes d’analyse employées pour y répondre, les résultats obtenus ainsi que leur interprétation sont traitées dans des parties distinctes. Cette étude vise à mieux comprendre l’effet des caractéristiques des haies sur l’activité des Chiroptères à l’échelle locale afin de mieux évaluer la qualité écologique d’une haie pour ce taxon (évaluation des enjeux de conservation) et de proposer des mesures de gestion favorables et efficaces en tenant compte du contexte paysager.
Agro-écologie et Trame verte et bleue : des synergies à valoriser – AFB – 2019
Le document présente une synthèse de la journée d’échanges techniques sur l’agro-écologie et la Trame verte et bleue, organisée par l’Agence française pour la biodiversité en mars 2018. Il souligne l’importance de considérer l’exploitation agricole comme un agro-écosystème, intégrant des infrastructures agro-écologiques pour renforcer la résilience des territoires face aux enjeux environnementaux. Des initiatives concrètes, telles que la plantation d’arbres et la mise en œuvre de pratiques agricoles durables, sont mises en avant pour favoriser des synergies entre la production agricole et la biodiversité, tout en soutenant la transition agro-écologique dans l’enseignement agricole.
Insecticides néonicotinoïdes et chiroptères : évaluation des risques directs et indirects – Canadian wildlife federation – 2018
Le rapport « Neonicotinoid Insecticides and Bats: An Assessment of the Direct and Indirect Risks » analyse les effets des insecticides néonicotinoïdes sur les chauves-souris au Canada, en évaluant les impacts directs (toxicité) et indirects (déclin des insectes, source de nourriture). Ces pesticides, largement utilisés en agriculture, contaminent l’environnement via le sol et les eaux de surface, entraînant une diminution significative des populations d’invertébrés, incluant des espèces aquatiques sensibles, essentielles à l’alimentation des chauves-souris. Le rapport souligne les risques accrus pour les chauves-souris en raison de leur régime alimentaire insectivore et de leur exposition prolongée aux résidus de pesticides présents dans les proies. Il propose une évaluation des risques basée sur la toxicologie des mammifères et les résidus dans les insectes, mettant en lumière les lacunes des méthodologies actuelles d’évaluation des pesticides pour ces espèces. Cette étude appelle à des approches plus spécifiques pour protéger les chauves-souris et les écosystèmes.
Comment concilier pratiques agricoles et préservation des chiroptères – Stage FCEN – 2015
Le mémoire présente une synthèse des menaces pesant sur les Chiroptères en France, notamment l’usage d’antiparasitaires et la destruction de leurs habitats, qui contribuent à leur déclin. Il souligne l’importance des haies et des alignements d’arbres pour la conservation de ces espèces, en tant qu’auxiliaires de culture, et propose l’élaboration de fiches techniques pour sensibiliser les agriculteurs à leur préservation. Enfin, le document met en avant la nécessité d’intégrer des pratiques agricoles durables et de promouvoir la biodiversité fonctionnelle pour favoriser la réintroduction et la protection des Chiroptères dans les exploitations agricoles.
Guide technique : Gestion du parasitisme bovin et faune coprophage – LIFE+ Chiro Med – 2014
Le document traite de la gestion du parasitisme bovin en Camargue, mettant en avant l’importance d’une approche intégrée qui inclut des diagnostics précis par copro analyses pour déterminer les traitements antiparasitaires appropriés. Il souligne les impacts environnementaux des molécules utilisées, notamment leur toxicité pour la faune coprophage, et propose des pratiques alternatives pour minimiser ces effets. Les témoignages d’éleveurs montrent une satisfaction générale vis-à-vis des nouvelles méthodes, qui sont à la fois économiquement viables et bénéfiques pour la santé animale et l’environnement.
Effets des substances chimiques sur les Chiroptères : état des connaissances – 2012
Ce document analyse les menaces posées par les substances chimiques sur les chauves-souris, mettant en évidence l’impact des pesticides tels que le DDT, les organochlorés (OC), les pyréthrinoïdes (PS) et les organophosphorés (anti-ChE). Il souligne un manque de données sur les effets chroniques et sublétaux de ces contaminants, particulièrement en Europe et dans les tropiques, malgré leur persistance environnementale et leur toxicité potentielle. Les lacunes incluent l’absence d’études sur les perturbations endocriniennes, les propriétés cancérigènes, et l’exposition aux radionucléides, bien que les chauves-souris puissent ingérer ces polluants via leur pelage ou leur alimentation. De plus, les effets indirects des polluants, tels que la diminution des proies due aux antiparasitaires ou aux pesticides agricoles, restent peu explorés. Le texte appelle à une approche pluridisciplinaire, inspirée de l’écologie du stress, pour évaluer les interactions entre pollution, maladies et contraintes environnementales sur les dynamiques de populations de chauves-souris.
Plan écophyto de réduction des usages de pesticides – 2008-2018
Le Plan Ecophyto 2018 vise à réduire de 50% l’utilisation des pesticides en France en mobilisant divers acteurs à travers plusieurs axes stratégiques. Il inclut l’évaluation des progrès, la généralisation de systèmes agricoles économes, l’innovation dans les itinéraires techniques, et la formation des agriculteurs. De plus, il prévoit le développement de réseaux de surveillance, la mutualisation des données, et l’adaptation des pratiques aux spécificités des départements d’outre-mer, tout en favorisant des solutions alternatives et des partenariats internationaux pour une agriculture durable.
Les chauves-souris : de grandes consommatrices d’insectes – Fiche IBIS
Les chauves-souris, pesant jusqu’à 60 grammes, sont des insectivores essentiels qui utilisent leur sonar pour chasser divers insectes, contribuant ainsi à l’équilibre des écosystèmes. Leur cycle de vie inclut des périodes de chasse, d’accouplement, d’hibernation, de mise bas et de développement des jeunes, avec un territoire de chasse de 4 à 5 km autour des sites de mise-bas. Cependant, elles font face à des menaces telles que la destruction de leur habitat, l’utilisation de pesticides, et le dérangement humain, ce qui souligne l’importance de pratiques agricoles durables et de la conservation des gîtes naturels pour leur survie.
Ailleurs sur le web
Infographie : la disparition des chauves-souris, par leur rôle de régulation des populations d’insectes, à poussé les agriculteurs à intensifier leur utilisation d’insecticide, appauvrissant les récoltes et fragilisant la santé infantile.
De 2014 à 2017, une étude sur huit vergers de pommiers du sud de la France a détecté 19 espèces de chauves-souris en 1 300 heures d’enregistrement. Trois espèces concentrent 60 % des contacts, principalement le long des haies, où l’activité est quatre fois plus élevée qu’au-dessus des vergers. Les vergers proches de l’eau et de la forêt sont plus fréquentés, mais l’activité y reste faible comparée aux milieux naturels.
Ce référentiel prône une gestion raisonnée du parasitisme bovin en zones humides, conciliant bien-être animal, efficacité économique et environnementale, tout en limitant la résistance aux traitements. Il appelle à informer les éleveurs, réaliser des audits et approfondir les recherches sur les alternatives et les prairies diversifiées.
Ce référentiel prône une gestion raisonnée du parasitisme bovin en zones humides, conciliant bien-être animal, efficacité économique et environnementale, tout en limitant la résistance aux traitements. Il appelle à informer les éleveurs, réaliser des audits et approfondir les recherches sur les alternatives et les prairies diversifiées.