Menaces
Les pressions que les espèces subissent sont très diverses mais elles sont surtout liées aux activités humaines, si bien que les effectifs actuels de chauves-souris sont nettement inférieurs à ceux des années 1950.
La survie des chauves-souris dépend ainsi de leur pouvoir d’adaptation et de mobilité face aux changements et aux pressions liés aux activités humaines et climatiques.
Épisodes d’épizooties
Les maladies entraînent une mortalité et un risque pour l’état de conservation des populations. L’impact d’un facteur naturel peut être accru du fait d’une condition physique détériorée, notamment suite aux pressions anthropiques (perturbations accrues, diminution de la ressource trophique…).
Aménagement du territoire
La destruction d’arbres hors forêt, la pollution lumineuse (effet barrière en coupant les axes de transit), la modification du paysage (mitage), la fragmentation des biotopes entraînent la disparition des gîtes et des terrains de chasse.

Pollution lumineuse ©Lysandre Blondeau
Perturbation dans les gîtes souterrains et rupestres
Le dérangement direct, la mise en sécurité ou la fermeture de cavités souterraines, l’extension de carrières, les travaux d’aménagement touristique ou pour un usage de particuliers, les travaux d’entretien, les travaux d’archéologie, les activités touristiques impactent les chauves-souris en modifiant ou en supprimant leur gîte, entraînant parfois la mort de toute une colonie. Les aménagements touristiques et sportifs peuvent également engendrer la disparition des gîtes rupestres.
Perturbation dans les gîtes en bâtiments
La rénovation des bâtiments publics et privés, les travaux d’isolation et d’entretien, la restauration des toitures, l’éclairage des façades, la démolition de certains bâtiments engendrent la disparition de gîtes.
Le traitement des charpentes contre les insectes xylophages (comme le DDT, interdit depuis plus de 50 ans) empoisonnent les femelles au contact du bois qui contaminent à leur tour leur petit par allaitement, accroissant la mortalité dans la colonie.

Pipistrelle et éoliennes ©Lysandre Blondeau
Les parcs éoliens
Les risques de collisions ou de barotraumatismes (variations de pression importantes dues aux éoliennes et entraînant une hémorragie interne fatale) ainsi que la rupture des routes de vol par les parcs éoliens augmentent la mortalité des chiroptères.
Les infrastructures de transport
Les axes routiers augmentent les risques de collision et fragmentent les habitats entraînant la rupture des routes de vol des chauves-souris. L’entretien et la rénovation des ponts diminuent également la disponibilité en gîtes pour les chiroptères.
Une gestion forestière inadaptée
Une coupe non orientée peut engendrer la disparition des réseaux de gîtes. L’homogénéisation des boisements, l’abattage des arbres creux, les traitements phytosanitaires sont autant de menaces qui pèsent sur les espèces forestières.
Des pratiques agricoles inadaptées
L’utilisation d’antiparasitaires ou d’insecticides, la disparition de zones humides et d’arbres d’alignement ou isolés, la destruction de haies et autres corridors boisés, l’abandon du pâturage extensif, le retournement de prairie raréfient les terrains de chasse et les ressources alimentaires et perturbent les routes de vol.

Paysage agricole et chauve-souris ©Lysandre Blondeau
Idées reçues
L’image de la chauve-souris a bien changé et rares sont ceux qui croient encore que cet animal est annonciateur de malheur.
Mais certaines superstitions ont la vie dure…
Les chauves-souris s’accrochent dans les cheveux
La légende est tenace mais non, les chauves-souris ne s’accrochent pas dans les cheveux ! L’écholocation leur permet de détecter des objets d’une grande finesse et d’éviter avec précision vos cheveux.
L’origine possible de cette superstition proviendrait d’une histoire que l’on racontait aux jeunes femmes pour leur faire peur et les empêcher de sortir la nuit. Si celles-ci s’aventuraient tard le soir dehors, des chauves-souris allaient se prendre dans leurs cheveux longs et y rester coincées. Les garçons (aux cheveux courts), quant à eux, ne risquaient rien et pouvaient sortir tranquille.
Le guano, vecteur de maladies
En France et en Europe, les excréments de chauves-souris, connus sous le nom de guano, sont généralement considérés comme sans danger pour la santé humaine. Les maladies respiratoires telles que l’histoplasmose, causées par le champignon Histoplasma capsulatum, sont principalement présentes dans les régions tropicales et subtropicales, où les conditions d’humidité et de chaleur favorisent le développement de ce champignon.
Par ailleurs, le guano de chauves-souris est reconnu pour ses propriétés fertilisantes exceptionnelles. Riche en nutriments essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium, il constitue un engrais naturel efficace pour améliorer la fertilité des sols et stimuler la croissance des plantes.
La rage
En Europe, les chauves-souris peuvent être porteuses de deux formes du virus, différentes de la rage des chiens et des renards. Ces virus ne passent que très difficilement la barrière des espèces et seule une petite minorité d’espèces de chauves-souris peut en être porteuse.
Selon l’Institut Pasteur, à Paris, un seul cas de rage humaine transmise sur le territoire métropolitain a été rapporté depuis 1924.
Il faut savoir qu’une chauve-souris contaminée n’est pas agressive, elle sera tout au plus apathique et affaiblie. Elle ne mordra que si l’on tente de la manipuler. C’est pourquoi il est impératif, si vous avez à manipuler une chauve-souris qui vous semble en détresse, de porter des gants en cuir épais. Attention, ne touchez une chauve-souris qu’en cas d’absolue nécessité, pour l’écarter d’un danger immédiat qui causerait sa mort.
Ce sont des vampires
Les chauves-souris sont des insectivores ou des frugivores et ne sucent donc pas le sang, sauf 3 espèces en Amérique latine qui se nourrissent principalement du sang du bétail.
Les chauves-souris sont des rongeurs
Non, les chauves-souris ne sont pas des rongeurs ! D’ailleurs, contrairement à ceux-ci, elles ne sont pas prolifiques et ont un taux de reproduction relativement faible puisqu’elles n’ont qu’un petit par an. L’effectif de la colonie reste par conséquent stable, quand il ne diminue pas. De plus, elles ne modifient pas volontairement les habitats qu’elles utilisent pour leurs gîtes (elles ne creusent pas le bois ni ne rongent les matériaux). Leur seul impact réside dans la production de guano.
Les chauves-souris sont aveugles
Non, elles sont même très sensibles à la lumière. Elles utilisent prioritairement leur vue pour se repérer et peuvent d’ailleurs être éblouies ou perturbées par l’éclairage extérieur.
Protection
Les 36 espèces de chauves-souris sont toutes protégées par différentes conventions et lois.
Internationales et européennes
- La Convention de Bonn (23/06/1979) relative à la conservation des espèces migratrices (Annexes).
- La Convention de Berne (19/09/1979) relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe (Annexes).
- L’Accord EUROBATS (4/12/1991) relatif à la conservation des populations de Chauves-souris d’Europe (Amendement 1 et Amendement 2).
- La Directive européenne Habitats-Faune-Flore (CEE N°92/43) annexe IV indique que les microchiroptères nécessitent une protection stricte. L’annexe II dresse une liste des espèces d’intérêt communautaire.
Nationales
- Loi de protection de la nature de 1976 : Toutes les espèces de chauves-souris présentes en France sont protégées.
- Arrêté ministériel du 23 avril 2007 (modifié le 15/09/2012) : Sont interdits sur tout le territoire métropolitain et en tout temps : la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement, la perturbation intentionnelle des chauves-souris dans le milieu naturel, le transport, la naturalisation, le colportage, la mise en vente, la vente ou l’achat, l’utilisation commerciale ou non des Chiroptères. Sur les parties du territoire métropolitain où l’espèce est présente, ainsi que dans l’aire de déplacement naturel des noyaux de populations existants, sont interdits la destruction, l’altération ou la dégradation des sites de reproduction et des aires de repos des animaux.
Détruire des chauves-souris, les capturer, les déplacer ou porter atteinte à leur gîte et/ou leurs habitats est formellement interdit.
Le non-respect de ces interdictions entraîne une peine d’emprisonnement de trois ans et de 150 000 € d’amende, selon l’article L415-3 du code de l’environnement.