Par Thibaut Bazatolle et Léo-Paul Jacob – Azimut230
Le Bois de Boulogne est-il un site d’estivage important pour la Noctule commune (Nyctalus noctula) en Île-de-France ? Si oui, combien d’individus y résident et où se trouvent leurs gîtes ?
Entourés de zones très urbanisées, les 850 hectares du Bois de Boulogne en font l’un des poumons verts de Paris et des villes environnantes. Bien qu’il soit fortement fréquenté, le Bois regorge d’une diversité insoupçonnée d’espèces, tant en termes de mammifères, d’oiseaux que d’insectes.
Plusieurs sorties effectuées en 2023 avaient permis de confirmer la présence de Noctules communes dans le Bois, notamment aux alentours de deux plans d’eau artificiels, le Lac Supérieur et l’Étang du réservoir. C’est toutefois en lisant une étude publiée par des bénévoles et membres de l’association Picardie Nature (lien vers l’article) que l’envie de chercher des gîtes au Bois de Boulogne est née.
Nous nous sommes inspirés du protocole utilisé par Picardie Nature et avons identifié les mailles (200m x 200m) les plus propices à prospecter (lisières, zones proches de plans d’eau, zones avec des arbres sénescents, etc.), en lien avec les gestionnaires du Bois de Boulogne. Nous y avons réalisé des points d’écoute actifs à la tombée de la nuit : étant donné que les Noctules communes quittent leurs gîtes peu de temps après (voire avant) le coucher du soleil, comparer l’heure entre le coucher du soleil et le premier contact avec une Noctule permet d’évaluer la proximité d’un gîte. Nous avons également effectué des recherches de cris sociaux à la tombée du jour ainsi que lors des chaudes journées d’été.
Une vingtaine de sorties ont été organisées entre mai et août 2024. L’aide précieuse de bénévoles d’Azimut230 et de la LPO Ile-de-France a grandement facilité et optimisé ces prospections !
Au final, au moins deux gîtes de Noctules communes ont été identifiés (dans le Bois de Boulogne et le Jardin d’Acclimatation). Plusieurs suivis en sortie de gîte ont permis d’établir qu’ils contenaient chacun plus de 15 individus en moyenne ! Un 3ème gîte est suspecté, bien qu’il ait été rapidement abandonné par les Noctules.
Il convient maintenant de s’assurer que des mesures de protection des arbres gîtes sont entreprises par les gestionnaires du Bois de Boulogne et du Jardin d’Acclimatation, afin de permettre la pérennité de ces gîtes estivaux. Nous reconduirons ce suivi l’année prochaine, afin de connaître l’évolution du réseau de gîtes du Bois de Boulogne.
Enfin, et portés par l’enthousiasme de cette étude, nous comptons mettre à profit l’année 2025 pour chercher des gîtes dans d’autres parcs et bois parisiens (Buttes-Chaumont, Cimetière du Père Lachaise, Bois de Vincennes, Parc Montsouris en utilisant cette fois-ci des détecteurs passifs pour d’abord détecter la présence d’individus, pour ensuite y effectuer des points d’écoute actifs et de rechercher des cris sociaux. Des captures seront également organisées dans le cadre du programme CACCHI, pour mieux comprendre le réseau de gîtes parisiens et identifier les routes migratoires des Noctules.
Si ces recherches sont fructueuses, un nouvel article dans le Chiroptères info du PNAC n’est pas à exclure.