Modélisation du réseau écologique du Grand rhinolophe autour des Grottes de la Côte de la Baume
Par Catherine DIONISIO - CPEPESC FC
La Réserve Naturelle Régionale (RNR) des Grottes de la Côte de la Baume (Poligny, Jura), gérée par la Commission de Protection des Eaux, du Patrimoine, de l’Environnement, du Sous-sol et des Chiroptères de Franche-Comté (CPEPESC FC) abrite tout au long de l’année une population de grands rhinolophes. Un travail de définition de l’utilisation du territoire par l’espèce dans un rayon de 15 km a été réalisé autour du site protégé, à l’occasion d’un stage de 6 mois, par Thomas Picq.
L’approche modélisation cartographique a été choisie pour identifier les habitats de chasse et routes de vol pouvant être empruntés par l’espèce Grand rhinolophe. Le travail a porté dans un premier temps sur l’identification cartographique de terrains de chasse favorables à l’espèce, à partir de données bibliographiques disponibles. Une carte paysagère détaillée a ensuite été créée à l’aide du logiciel BioDispersal, du laboratoire TETIS, en compilant des données paysagères et topographiques, d’occupation du sol, et d’aménagement du territoire. Chaque élément paysager se voit attribuer un « coefficient de friction », reflétant la difficulté pour l’espèce de traverser cet environnement, afin d’intégrer la notion de perméabilité des différents milieux. Enfin, les réseaux écologiques sont modélisés à partir de cette carte paysagère avec le logiciel GrapHab, développé par le laboratoire ThéMA de l’Université de Bourgogne-Franche-Comté et le CNRS. Ce logiciel permet une analyse des « chemins de moindre coût », c’est-à-dire, les chemins les moins coûteux pour une espèce pour relier deux habitats favorables, soit dans notre cas, le gîte souterrain et les habitats de chasse préalablement identifiés. La dispersion de l’espèce Grand rhinolophe autour de la RNR Grottes de la côte de la Baume a donc été simulée pour identifier notamment les axes des corridors écologiques existants et ceux à restaurer. Cette approche de modélisation a permis d’identifier des ruptures de connectivité, pouvant perturber les chauves-souris dans leurs déplacements, et nécessitant une dépense énergétique supérieure pour éviter des secteurs. Ces points de conflits concernent notamment l’éclairage urbain et le franchissement d’infrastructures de transport. Les résultats ont été confrontés à des données de télémétrie collectées en 2005 sur plusieurs individus, dans le secteur de la RNR. Certaines données télémétriques confortent les résultats obtenus par modélisation, tant pour les corridors que les habitats de chasse. Cependant, la modélisation cartographique s’écarte des résultats de terrain de 2005 par la désignation de zones favorables non identifiées lors des études précédentes, notamment pour les zones de plateaux. Plusieurs biais méthodologiques peuvent expliquer ces différences : pour la modélisation cartographique, l’attribution des coefficients de perméabilité peut atténuer l’effet réel de certains obstacles comme les axes routiers. Pour le radiopistage, le suivi des individus est beaucoup plus difficile pour les opérateurs en zone de relief. Une étape de validation sur le terrain des données issues de modélisations s’avère nécessaire pour conforter la méthodologie employée lors de ce stage. Cette première étude permet toutefois au gestionnaire d’orienter son travail dans la priorisation des actions à mener afin de favoriser la circulation des individus entre leurs terrains de chasse et la RNR.
Contact: Catherine DIONISIO - CPEPESC FC