Zoom sur le programme Migratlane
Par Cassandre Treyvaud, relecture Anais Pessato, Juliette Baron et Christian Kerbiriou - MNHN - CESCO
Des chauves-souris en mer ?
Dans le contexte actuel de développement de l’éolien offshore, il est apparu nécessaire d’acquérir des connaissances sur les migrations, les comportements de vol et les zones fonctionnelles en mer des oiseaux et des chauves-souris. C’est dans ce contexte que l’Office Français de la Biodiversité, qui contribue aux objectifs et aux orientations de reconquête de la biodiversité fixés par l’État, a lancé en 2023, le programme MIGRATLANE visant ainsi à acquérir des données couvrant l’ensemble de ces thématiques à l’échelle de l’Arc Atlantique Nord-Est.
Programme Migratlane
Le programme MIGRATLANE est composé de cinq méthodes de suivi (télémétrie, radar, suivi visuel en avion, suivi acoustique et visuel depuis la côte). Ces suivis permettront de récolter des informations sur la phénologie des espèces (journalière et saisonnière), sur les localités de présence (voies de migration et zones fonctionnelles), les comportements de vols (notamment les hauteurs), tout en faisant le lien avec les données météorologiques afin de comprendre leur influence sur la présence des espèces.
Un réseau acoustique sur les façades Manche et Atlantique
Le Muséum national d’Histoire naturelle est responsable, entre autres, de la partie suivi acoustique, seule méthodologie permettant ici de prendre en compte les chauves-souris. A ce jour, nos connaissances sur la présence de Chiroptères en mer proviennent principalement d’études menées au nord de l’Europe, en mer du Nord et en mer Baltique. Il est connu que les chauves-souris se retrouvent en mer lors de migrations, notamment en Baltique, mais il semble aussi que des espèces sédentaires puissent occuper le milieu côtier et marin pour se nourrir d’invertébrés. En France, il reste encore de nombreuses lacunes de connaissances.
Le travail que nous réalisons vise à la fois, à centraliser les connaissances et données historiques issues d’autres études et programmes et à récolter de nouvelles données sur ces milieux. Un réseau d’enregistreurs passifs est en cours de déploiement le long du littoral ; 30 dispositifs ont été installés en 2023 et une dizaine de points s’ajouteront en 2024. Les capteurs acoustiques utilisés pour enregistrer les chauves-souris sont des SM4-FS (Wildlife Acoustics). Ces appareils sont posés sur des sites à proximité directe de la mer et en hauteur, notamment sur des phares, ou sur des piquets à 1-2 m du sol pour couvrir des secteurs intéressants sans infrastructures. Des capteurs acoustiques ont également été installés sur des navires tels que la flotte océanographique française (en partenariat avec PELAGIS et l’IFREMER) ou sur les bateaux de la Brittany Ferries (partenariat avec Biotope). Les enregistreurs sont paramétrés selon le protocole point fixe de Vigie-Chiro et fonctionnent toute l’année.
Les résultats de MIGRATLANE sont prévus pour 2026. Des analyses intermédiaires démontrent déjà la présence de 11 espèces de chauves-souris, dont deux espèces migratrices, la Pipistrelle de Nathusius principalement en Manche et la Noctule de Leisler dans le Golfe de Gascogne.
Si vous souhaitez contribuer en réalisant des points fixes, des transects à la côte ou en nous partageant vos données, n’hésitez pas à nous contacter et ainsi participer à l’amélioration des connaissances sur ces espèces, chaque donnée est importante !
Contact : Cassandre Treyvaud